Enfant, le monde paraissait trouble, incertain et effrayant.
Le pouvoir était aux grands,
Notre expérience du réel ne se construisait pas verbalement, théoriquement, mais de manière empirique et tactile.

Dans le noir étaient toujours présentes les créatures des contes japonais que l'on m'avait racontés.
La peur m'avait fait créer ces animaux fabuleux, invisibles aux autres mais surréels à mes yeux.

Des peluches me protégeaient de certaines de ces créatures méchantes et effrayantes.
Ces peluches étaient aussi mes premiers amis, je communiquais avec eux, leur douceur et leurs odeurs m'apportaient la quiétude.

En grandissant, les monstres sont rentrés au fond de la forêt et les esprits de mes doudous sont partis sans que je m'en rende compte.
Ils devinrent des dépouilles: vides.

Je découvris que les contes pour enfants étaient en fait des histoires qui se servaient de la peur pour inculquer une certaine morale.

Dans mon pays l'impermanence de la vie est représentée par la fleur de cerisier, qui fleurit très peu de temps et se fane très vite.
J'évoque dans mon travail cette sensation d'impermanence, dans l'espoir de retrouver la mémoire oubliée de mon enfance.